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Zealandia: un écosanctuaire en plein centre-ville

La Nouvelle-Zélande est un peu seule au monde: elle est située au sud-ouest de l'océan Pacifique et est composée de deux îles principales. Cela lui donne la chance, par son isolement géographique, d’avoir une flore et une faune endémique, c'est-à-dire spécifique à cette région. Comme toute chose rare, il est naturel de vouloir protéger cette richesse, chose que le pays s’affaire à faire par tous les moyens possibles. Un de ceux-ci a été la création de Zealandia: un écosanctuaire urbain clôturé de 225 hectares situé dans la ville de Wellington. 

Lorsque nous avons débarqué de l’avion à Auckland, une longue file nous attendait pour passer les douanes. Elle s’était créée non pas parce que le pays fait un contrôle strict de qui entre dans le pays, mais plutôt de ce qui y entre. En effet, la Nouvelle-Zélande veut s’assurer que les voyageurs n’introduisent pas d’espèces envahissantes qui pourraient affecter sa faune et sa flore, fierté nationale. Ainsi, elle demande aux visiteurs du pays de passer au travers une vérification stricte de ce qu’ils apportent.

Pour notre part, les agents de la faune sur place nous ont demandé à voir nos bottes pour vérifier que nous ne transportions pas de boue collée, où il y aurait pu se retrouver des graines de plante d’un autre pays ou des insectes. De plus, notre tente a aussi été inspectée pour assurer qu’aucune araignée ou aucun autre insecte n’aurait fait le voyage avec nous.

Bref, l’idée est que le pays se soucie grandement de la conservation de ses espèces endémiques. Un exemple d’une autre mesure que le pays a entrepris pour venir en aide à la conservation de la faune et de la flore est la mise sur pied de Zealandia, un écosanctuaire clôturé en milieu urbain situé à Wellington, la capitale. Nous sommes allés le visiter et, au-delà de nos apprentissages sur cet impressionnant projet de conservation, nous y avons observé des espèces rares de toutes sortes dont nous ne connaissions pas l’existence.

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ZEALANDIA, LE SANCTUAIRE

Qu’est-ce que c’est?

Zealandia est une zone naturelle protégée et clôturée, un sanctuaire animalier et végétal, qui occupe une superficie de 225 hectares (équivalent à presque 4 fois l’espace occupé par le parc d’attractions de La Ronde, pour se donner une idée). 

Quel est l’objectif de ce sanctuaire?

L’objectif est de restaurer la biodiversité pour qu’elle soit la même que celle avant l’arrivée des colons. Il faut savoir que ces derniers ont apporté, probablement sans le savoir, des animaux de compagnies tels que des rats, des chats, des opossums, etc. Ces mammifères, un type d’animal qui était inexistant en Nouvelle-Zélande, sont malheureusement devenus des prédateurs pour la faune et la flore, mettant en péril son caractère unique. On estime que la restauration de la biodiversité originelle de la Nouvelle-Zélande dans ce sanctuaire prendra environ 500 ans.

Pourquoi les animaux néo-zélandais étaient-ils aussi vulnérables aux nouveaux prédateurs?

Pendant des millions d’années, ces animaux n’ont jamais eu à développer des défenses physiques ou comportementales contre les mammifères. L’exemple le plus explicite est celui des oiseaux qui ne pondent pas leurs œufs dans un nid au haut des arbres, mais plutôt directement par terre. Ces oiseaux n’avaient jamais eu de problème avec cette façon de faire, ce qui a changé lorsque des prédateurs sont arrivés et ont vu ces œufs comme un joyeux festin.

Comment protège-t-on ce sanctuaire?

Le sanctuaire est entouré par une clôture de deux mètres de haut avec un demi-tube arrondi du côté extérieur pour éviter que des espèces ne s’y introduisent. Divers pièges sont aussi installés à l’intérieur pour les espèces non endémiques qui y sont entrées avant que la clôture ne soit érigée. Une double porte ainsi qu’une fouille permet de contrôler ce qui entre et ce qui sort du sanctuaire.

Y a-t-il des espèces complètement éradiquées par les prédateurs?

Oui, sur les îles principales, des espèces ont été complètement éradiquées. Par contre, la Nouvelle-Zélande a la chance de pouvoir compter sur des îlots (ou petites îles) qui constituent des « banques » d’espèces protégées. De ce fait, ils ont pu réintroduire dans le sanctuaire Zealandia des espèces qui avaient disparu en les faisant venir de ces îlots. À ce jour, 18 espèces ont été réintroduites.

Qu’en est-il de la flore?

La flore a également été touchée par l’introduction d’espèces importées envahissantes ainsi que le déboisement qui a affecté le milieu. Zealandia vise donc aussi la restauration de la flore originelle, ce qui prendra également jusqu’à 500 ans.

QUOI VOIR ET QUOI FAIRE?

Les oiseaux, insectes et autres espèces

Rechercher les animaux endémiques de la Nouvelle-Zélande est l’activité principale de Zealandia. Pour notre part, voici, les espèces que nous avons eu la chance d’apercevoir lors de notre visite (avec les descriptions sur les photos):

Visitez le site web de Zealandia pour plus d’informations sur les animaux pouvant y être aperçus.

Vous n’avez pas vu de kiwi? 

Ces oiseaux nocturnes, emblématiques de la Nouvelle-Zélande, arpentent en effet les terres de ce sanctuaire. « Arpentent les terres » et non « volent au-dessus des terres », car ces derniers n’ont pas cette capacité, chose qui les rend vulnérables face aux rats et opossums. Nous n’avons malheureusement pas eu la chance de les voir puisque nous y sommes allés en plein jour et que ces oiseaux sont nocturnes. Pour avoir la chance d’en apercevoir à l’état sauvage, il est possible de participer aux tours guidés de nuit.

Tours guidés et conférences en nature

Le jour comme la nuit, il est possible de faire une visite guidée de Zealandia, pour avoir la chance d’observer encore plus d’êtres sauvages. La visite de jour dure deux heures et coûte 55$, alors que celle de nuit, où vous aurez peut-être la chance d’observer un kiwi, dure deux heures et demie et coûte 85$. À ce prix, nous avons préféré y aller par nous-mêmes au coût de 19.50$, ce qui permet aussi de visiter le sanctuaire le lendemain gratuitement! Plus d’informations sur les tarifs ici.

De plus, la fin de semaine, des conférences gratuites sont données dans le sanctuaire toutes les heures!

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Plusieurs sentiers et points de vue

L’itinéraire recommandé pour voir le plus d’animaux possible prend environ deux heures aller-retour, variant en fonction du nombre de pauses pour la prise de photos ou l’écoute des mini-conférences (il s’agit du sentier rouge sur la carte ci-dessous). En plus de ce sentier de deux heures, il est possible d’arpenter encore plus la réserve en prenant les différents sentiers qui s’y retrouvent comme ceux en vert ou en jaune sur la carte.

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Point de vue: Le pont suspendu

De ce pont suspendu, nous avons vu des Tuis se lancer dans les airs et plonger dans la nature à toute vitesse. De plus, nous avons eu la chance de voir de très près le pigeon de la Nouvelle-Zélande, un Kereru.

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Point de vue: Le Lower Dam

Le Lower Dam permet, de nos jours, de retenir un réservoir d’eau mis de côté en cas d’urgence.

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Point de vue: L’éolienne-mère

D’une tour d’observation du site, il est possible d’y voir au loin la première éolienne de toute la Nouvelle-Zélande qui se trouve dans le quartier de Brooklyn.

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L’exposition Zealandia

Pour repousser les frontières de ses connaissances sur Zealandia, il est possible de faire un tour à l’exposition permanente à ce sujet.

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Le Café Rata

Pour clore la visite, il est possible de s’arrêter prendre une pause au café de la place. Ce dernier est vraiment en parfait accord avec les valeurs de conservation et de respect de la nature, notamment grâce:

  • Compostage de tous les déchets organiques, des serviettes de table jusqu’au marc de café 🥒
  • Utilisation du compost pour leur jardin qui les approvisionne 👩🏻‍🌾👨🏼‍🌾
  • Achat de produits locaux et biologiques seulement 🌾
  • Recyclage de tout ce qui est possible ♻️
  • Utilisation des emballages écoresponsables pour leurs produits 🛍

Bref, c’est ainsi que s’est conclue notre découverte de Zealandia, que nous avons grandement appréciée.  En plus d’avoir vu des spécimens extraordinaires et propres à la Nouvelle-Zélande, nous avons pu constater de nos yeux un exemple concret de restitution d’habitat et les résultats d’un projet motivé à la conservation de la faune et la flore.

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