Alimentation

5 choses apprises en travaillant sur des jardins bios en Nouvelle-Zélande

En allant en Nouvelle-Zélande, nous n'avions jamais travaillé sur un jardin de notre vie (ou presque). Nous avions encore moins travaillé sur un jardin biologique. Mais, après de nombreuses semaines à faire du woofing sur quatre jardins différents, nous avons appris un tas de choses sur l'agriculture biologique et bien plus que je vous présente dans cet article.

Travailler à l’étranger sur des fermes biologiques, ou faire du woofing, est une façon de voyager à très peu de frais. En effet, en échange de 5 jours de travail, 5 heures par jour, nous obtenons gratuitement un logis ainsi que trois repas. Pour nous qui ne vivions pas dans un camper van, à l’inverse de beaucoup de voyageurs en Nouvelle-Zélande, et qui nous déplacions en vélo, en transports en commun ou sur le pouce, le woofing était vraiment une façon parfaite de travailler, de voyager, de rencontrer des néo-zélandais, d’économiser de l’argent et d’apprendre un paquet de choses.

L’action de faire du wwoofing (ou woofing) vient du nom de l’organisme qui parraine ces activités, WWOOF, qui signifie World-Wide Opportunities on Organic Farms.

Ainsi, après avoir fait du woofing pendant plus près de deux mois à quatre endroits différents, je fais ici le récit de nos apprentissages en une liste de 5 choses que nous y avons apprises.

Header-Woofing

1. Il faut s’inspirer des principes de la permaculture  🌿

Le terme permaculture tire ses origines de la combinaison des mots agriculture et permanente ou, en d’autres mots, de la culture de la permanenceIl s’agit de s’inspirer de la nature pour concevoir un système agricole qui sera plus efficace, plus durable, sans ou avec peu impact sur l’environnement et, implicitement, biologique

Un des principes qui découle de la permaculture est le compagnonnage. À l’état naturel, plusieurs plantes se retrouvent ensemble dans la nature et s’aident mutuellement. En appliquant ce principe à un jardin, par exemple, une fleur peut aider à éloigner certains insectes qui sont nuisibles pour une autre plante. Pour en savoir plus sur le compagnonnage, tapez companion planting sur Pinterest et vous trouverez une foule d’informations:

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Recherche de Companion Planting sur Pinterest
Une autre application de la permaculture est le vermicompostage, qui consiste en la transformation de fumier ou de déchets organiques domestiques en compost par des vers. Lors de notre séjour sur le premier jardin, nous avons créé un système automne où les besoins fécaux des poules et les restes de nourriture pouvaient être décomposés par des vers, qui, lorsqu’ils étaient assez gros, pouvaient servir de source de protéines pour ces mêmes poules. L’eau résiduelle du vermicompostage, remplie de nutriments, servait ensuite à alimenter directement le jardin!

2. Il ne faut utiliser aucun produit chimique dans le jardin ☢️

Dans un jardin biologique, il n’y aura jamais présence de produits chimiques, que ce soit des engrais, des herbicides ou des pesticides. Tout ce doit d’être naturel. Par exemple, nous avons recueilli des algues de mer directement sur la plage pour faire un parfait engrais naturel. Si des chevaux sont à proximité, il est aussi possible d’opter pour du fumier de cheval, pour ajouter plein de nutriments au sol.

Pour se débarrasser des mauvaises herbes, pas question d’utiliser du RoundUp ou tout autre herbicideNous utilisons plutôt une barrière physique naturelle: une couche de carton, de papier journal, de tissu ou de gros plastique, dans lequel des trous sont faits pour y mettre les plantes. Finalement, le tout peut être recouvert de paillis pour bloquer la lumière dans les ouvertures, retenir l’humidité au maximum et donner un meilleur fini au travail.

Carboard - 1
La barrière physique de carton anti-mauvaise herbe

Finalement, si nous devons faire du nettoyage autour du jardin, nous devons nous tenir loin des produits chimiques encore une fois. Un mélange d’eau et de vinaigre est parfait pour se faire.

3. Il faut toujours se préoccuper de l’eau 💧

Bien sur, il faut d’abord appliquer des trucs simples pour diminuer sa consommation d’eau. Mais cela va bien au-delà de cela. Dans le jardin, l’eau de pluie est récupérée à divers endroits via des barils qui servent à la fois de réserve pour l’intérieur, mais aussi pour arroser les fruits et légumes après plusieurs journées sans pluie. Les différents toits du terrain (maison, cabanon, studio, hut) sont de puissants outils pour rediriger l’eau de pluie vers les réservoirs.

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L’eau de ce toit est stockée dans un réservoir

De plus, les fruits et légumes peuvent être plantés sur des swales, c’est-à-dire d’immenses trous creusés et pensés pour retenir l’eau. Ce système est une façon ingénieuse de capturer l’eau avant qu’elle ne s’écoule et ne soit pas capter par les racines des plantes. L’eau excédentaire navigue par la suite via un système de canaux, qui permet de la diriger vers les autres parties du jardin.

Finalement, pour diminuer encore plus l’utilisation d’eau, nous avons travaillé à l’élaboration d’une toilette compostable. En séparant les matières liquides de celles solides, cela évite l’odeur nauséabonde qui se dégage normalement d’une toilette portable, et les matières solides peuvent ensuite être compostées et redonnées à la terre.

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Notre toilette compostable en création

4. Il faut travailler avec des matériaux recyclés ou jetés 🔨

Avec quoi contruisons-nous notre toilette compostable? En tout temps, nous utilisons des matériaux recyclés, c’est-à-dire des matériaux qui auraient habituellement terminés à la poubelle. Dans cet ordre d’idée, n’importe quelle sorte de bois pourra avoir une utilité future pour la construction. Un vieux bain peut être très utile car il permet d’évacuer le liquide excédentaire (cela a été parfait pour construite notre vermicomposteur). Finalement, de vielles pancartes d’agent immobilier, faites de plastique corrugué,  ont 1001 utilités puisqu’elles sont rigides, malléables et légères. 

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Utilisation du plastique corrugué pour délimiter un futur jardin

Aussi, nous sommes allés collecter des cocottes de pain pour alimenter le feu et récupérer des feuilles sèches d’arbre de palmier (cabbage tree) pour créer des allumeurs naturels à feu.

5. Il faut tout cuisiner et ne rien gaspiller 🔪

Notre journée débute à 7h30. Après avoir pris notre petit déjeuner, constitué de granola et de lait végétal maison (fait à partir d’avoine ou d’amandes), nous faisons la tournée des arbres de fruits pour récolter les windfalls, c’est-à-dire les fruits qui sont tombés des arbres au cours de la nuit. Ceux-ci, encore en très bon état, feront office de collation pour la journée, ou seront transformés en smootie ou en sorbet.

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Les windfalls de la journée

Après un avant-midi de travail vient l’heure du dîner. Quelques confitures maisons et des marinades de légumes sont au rendez-vous. Le tout est accompagné d’une purée de feuilles de carottes, une trempette qui fait office de pesto maison, avec un très bon goût. Finalement, le repas est accompagné de betteraves préparées de trois façons: la betterave elle-même coupées et frites comme des croustilles, les tiges coupées et cuites à la vapeur et les feuilles dans une salade maison garnie de fleurs comestibles.

Puis, en après-midi, nous embarquons dans la voiture pour aller faire du foraging, une façon élégante de dire que l’on va récolter ce qui se trouve dans la forêt: champignons, fruits, herbes, etc. Pour notre part, il s’agissait de récolter des prunes et des pommes situées sur le terrain d’un ami (et donc, ce n’était pas vraiment du foraging, mais c’était tout comme). Avec plus de 10 kilos de prunes et quelques kilos de pommes, que pouvons-nous faire de tous ces fruits? Faire du chutney, en désystrater une partie, en faire cuire une autre avec un soupçon de sucre pour les mettre, ensuite, sous vide en pot et, finalement, congeler le reste tel quel. Ce sont de parfaites façons de diminuer le gaspillage alimentaire.

Récolte-Prune-Pommes - 1
Une partie des récoltes de la journée

Voilà! Ces expériences de woofing nous ont exposé ce qu’est d’être en accord avec la Terre et près de ses aliments. Elles ont démontré le travail et la rigueur nécessaires pour cultiver ses propres fruits et légumes sans utiliser de produits chimiques, sans trop utiliser d’eau et en ayant toujours des infrastructures faits d’éléments recyclés au maximum. Au-delà de tout ça, celles-ci ont mis en lumière la fragilité des cultures face à l’environnement et, par ricochet, l’importance de ne pas gaspiller de la nourriture. Cela a été une expérience inoubliable et inspirante à bien des niveaux pour nos futurs projets!

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